10 mars 2022

Meta, la controverse augmentée

Meta, le réseau social de la controverse

On ne présente plus Facebook, ni même Meta Platforms (connu sous le nom commercial Meta), qui regroupe désormais tous les réseaux sociaux puissants américains. Les 4 applications phares se classent perpétuellement dans le top 10 des applications les plus téléchargées et utilisées.

Mark Zuckerberg a eu, en 2004, l’idée du siècle en lançant Facebook. Près de 20 ans plus tard, ses plateformes comptent 3,5 milliards d’utilisateurs actifs par mois – près de la moitié de la planète.

Meta est un ogre de données qui a encore faim de vous. Après son quasi-monopole sur les réseaux sociaux, Meta ne s’arrête plus en investissant dans la réalité virtuelle, le Metaverse et bientôt les NFT. Meta se diversifie pour accroître son empire et ses bénéfices.

Un business modèle bien réfléchi

Le business modèle de Meta se concentre sur le profit au dépit de votre attention, de votre temps, de votre avis critique, de votre liberté.

Rentabiliser chaque moment passé sur le réseau social

La publicité est de loin ce qui rapporte le plus d’argent à Facebook. Jusque-là rien d’étonnant, le réseau social est gratuit pour ses utilisateurs la rentabilité doit provenir d’un autre endroit. Cependant, comme l’a si bien dit Bruce Willis « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ». Tout d’abord, une pub est ciblée quand elle touche les utilisateurs vraiment susceptibles d’acheter ce produit. Elle coûtera donc plus cher qu’une pub non ciblée avec un taux de conversion potentiellement plus faible. Pour bien cibler il faut avoir des données. Vos données permettent à Facebook de vendre des services plus chers (en l’occurrence des espaces de publicités), puisque le retour sur investissement de la marque en question sera plus important. En tant qu’utilisateur, vous verrez s’afficher sur votre mur Facebook des publicités de produits que vous êtes directement à même d’acheter. Ce système pousse l’utilisateur du réseau social à être connecté le plus longtemps possible, à être noyé d’informations et de notifications, car votre temps se convertit en argent pour Facebook.

Augmenter le profit par tous les moyens

Il existe également des manières dites « officieuses » pour Facebook de gagner de l’argent, ou du moins d’engendrer du profit : les « fake news ». Dans le contexte politique et sociétal actuel, elles ne cessent de se démultiplier, ce qui n’est pas pour déplaire à la plateforme américaine. Ces informations sont fausses, leur contenu n’a pas de limites tout comme les réactions qu’elles engendrent.

Positives comme négatives, les « fake news » déclenchent chez un utilisateur plus de likes, de commentaires puis de partages et le schéma se répète avec un autre utilisateur. Le trafic lié à une publication se voit augmenter, potentiellement plus de gens sont susceptibles de voir les pubs qui entourent la publication, ce qui devient donc un argument commercial : la radicalité créée du trafic et le trafic donne de la valeur à Facebook. Le mécanisme est tel que Frances Haugen, lanceuse d’alerte et ex employé de Facebook a révélé au New York Times que Facebook a supprimé après l’élection présidentielle américaine de 2020 des filtres contre la désinformation ou « fake news ».

Deux mois plus tard, Facebook était utilisé par des internautes pour préparer le rassemblement du 6 janvier à Washington, menant à l’intrusion au Capitole.

Même si Facebook n’a pas organisé cette violente intrusion, son inaction et sa non-modération sont mises en cause. D’un simple point de vue monétaire, la préparation de cette action a été une très belle affaire pour Facebook qui, c’est désormais une certitude, a choisi l’argent à la morale.

Un réseau social nuisant à la santé des jeunes

Il est donc évident que Facebook souhaite désormais tenir un rôle primordial dans la vie de ses utilisateurs, être partie prenante de leur manière de penser et d’agir. Cela pose la question du bien-être, de la santé mentale et de tout ce qui en découle ; que ce soit le droit à la déconnexion, de choisir le contenu que l’on souhaite plutôt que de recevoir un tsunami d’informations cela a un impact direct sur nous, utilisateurs.

Mais ce n’est pas tout, Facebook et son système de like a mis en place un système de comparaison sur les réseaux sociaux. Instagram (appartenant au groupe Meta) amplifiant un peu plus chaque jour ce constat. Le résultat est consternant surtout chez les jeunes, le besoin de montrer ce que l’on fait, d’être « cool » mais surtout de laisser paraître des bouts de notre vie qui évidemment sont le climax d’animation qui s’y passe en faisant croire que c’est notre quotidien. Ce besoin, cette nécessité d’être constamment connecté, « en ligne », la firme américaine a réussi à l’intégrer dans le monde entier.

Dans les documents d’ailleurs transmis par Frances H. au Wall Street Journal après son départ, certains révélaient les études menées sur Instagram depuis 3 ans pour en évaluer les effets sur les adolescents. Les résultats parlent d’eux-mêmes : les études montrent que 32 % des adolescents estimaient que l’utilisation de Facebook leur avait donné une image négative de leur corps et favorisait leurs complexes.

L’exploitation des données est donc au centre du système de fonctionnement de Facebook et ce fonctionnement n’est pas nouveau. La différence est qu’aujourd’hui la protection des données est un combat qui engage de plus en plus d’internautes notamment grâce aux différents scandales qui ont explosé.

La protection des données mise en demeure

Le scandale « Cambridge Analytica » est l’un des plus connus. Il a engendré la fuite de données personnelles de près de 70 millions d’utilisateurs de Facebook durant la campagne présidentielle américaine de 2016. L’entreprise a, par des questionnaires disponibles sur Facebook, pu voler les données de ceux qui remplissaient le questionnaire ainsi que de leurs amis Facebook.

Facebook étant également hébergé aux États-Unis, territoire régi par le Cloud Act, l’État américain peut disposer des données de la plateforme.

Facebook en sait beaucoup plus sur vous, sur votre vie et sur vos goûts que la plupart de vos amis. Grâce à vos likes, vos partages, vos photos… Facebook vous connaît et possède toutes les clefs en main pour vous tenir en haleine sur sa plateforme.

Un réseau social qui a tout pour être l’anti-social. Culturellement, ce partage et cette intrusion dans la vie des autres ne sont pas européens, exemple simple les magazines peoples sont beaucoup plus puissants aux États-Unis qu’en France. Le géant Américain a donc réussi à changer les mœurs des internautes européens et la machine est devenue incontrôlable, un monstre sans fin.

Un autre exemple ? Libra, la monnaie virtuelle.

Libra, l’ex future monnaie virtuelle qui a effrayé les démocraties et les banques du monde entier. Au centre du débat se trouve le respect de la vie privée et de protection de données qui, si Facebook disposait d’une cyber monnaie aurait été presque inarrêtable. Hormis ces questions, Libra était aussi dans la tourmente à cause des dérives d’utilisation que cela aurait pu entrainer : fraude fiscale, blanchiment d’argent, financement du terrorisme… C’est d’ailleurs ce qu’a partagé le sénateur J.Kennedy lors de l’audition de Mark Zuckerberg face au sénat américain : « J’ai beaucoup de respect pour Facebook, mais Facebook veut maintenant contrôler la quantité de monnaie en circulation. »

L’idée de créer une cryptomonnaie est en cohérence avec la stratégie de réussite de Meta : la copie de succès. Meta rachète WhatsApp et Instagram et notamment sur cette dernière copie le format des stories « Snapchat » qui furent un succès sur la plateforme. Instagram est désormais leader sur ce sujet. Pour assouvir cette domination, Meta n’a pas hésité à copier le géant américain TikTok et son format de vidéos courtes en créant les « réels » sur Instagram. Même principe, même copie, même succès.

Meta annonce un chiffre d’affaires au plus haut en 2021 avec 117 milliards de dollars.

L’entreprise serait-elle donc un rouleau compresseur inarrêtable … À moins d’un sursaut citoyen ?

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