9 mai 2023

La place des nouvelles technologies dans l’optimisation de notre quotidien

La place de la technologie dans l'optimisation

C’est un dimanche après-midi. Vous êtes assis sur votre canapé, un verre à la main et discutez paisiblement avec un ami. Tout semble aller pour le mieux quand, soudain, la montre à votre poignet se met à vibrer. Une notification vous informe que votre taux de sucre dans le sang est supérieur à votre moyenne habituelle. Huit minutes de marche supplémentaires sont nécessaires. Une légère angoisse monte. Comment vais-je rattraper cela ?

Ce type de stress, lié à l’optimisation de nos performances est devenu banal. Avant de poster une nouvelle photographie sur un réseau social nous changeons les couleurs, coupons le cadre. Une lumière jugée trop forte est modifiée. Tout cela pour que la perception d’autrui puisse être la plus conforme à « nos » attentes. Optimiser pose en effet les questions suivantes : pour qui, pour quoi et dans quel but ?

Si nous reprenons l’exemple de la montre, il semble légitime de faire de l’exercice, d’avoir un corps sain. Mais est-ce que cette angoisse, qui n’aurait pas existé sans la technologie, était bien nécessaire ? N’aurait-il pas mieux fallu pouvoir pleinement profiter de cette après-midi entre amis sans angoisse ?

Ainsi il parait légitime de s’interroger sur le sens que peut avoir le fait d’améliorer sans cesse nos outils. Pour ce faire nous allons d’abord réfléchir à ce qu’est l’optimisation avant de revenir sur le tournant analytique des vingt dernières années.

 

L’optimisation, une idée d’ordre économique

Pour le dictionnaire Larousse, optimiser signifie : « Donner à quelque chose, à une machine, à une entreprise, etc., le rendement optimal en créant les conditions les plus favorables ou en en tirant le meilleur parti possible. »

Ce qui frappe dans cette définition, ce sont les deux premiers exemples qui nous sont donnés : la machine et l’entreprise. L’optimisation est avant tout liée à un perfectionnement du rendement. C’est-à-dire qu’on optimise un produit de départ pour en avoir un meilleur. L’idée est de gagner plus d’argent en vendant un meilleur produit. Seulement qu’est-ce qu’un meilleur produit ? Tout repose sur la performance. La capacité du produit à effectuer sa mission de la manière la plus rapide, la plus conforme et donc la plus optimale.

L’optimisation d’un produit de masse oblige néanmoins la considération suivante : est-ce que tous les individus ont les mêmes critères pour juger cette performance ? Un sportif de haut niveau aux Etats-Unis n’aura pas la même attente que celle d’un joggeur de l’Ouest parisien. Or tous deux utilisent la même montre connectée.

C’est la raison pour laquelle de plus en plus de marques ont développé des produits que l’on peut personnaliser. Tout le monde dispose de la même machine, mais à partir d’un programme originel nous pouvons modifier sa manière d’interagir avec nous.

Mais si la personnalisation d’une montre connectée semble une bonne chose, que penser de la personnalisation des réseaux sociaux. Du fait que plus nous adhérons à un mode de pensée plus les réseaux nous amènent à penser de cette même manière ? Dans ce cas-là, l’optimisation et la personnalisation semblent être plutôt négatifs.

Pour y réfléchir, il semble nécessaire de se demander : comment en sommes-nous arrivés là ?

 

Le développement d’Internet et l’émergence de nouveaux métiers

 

L’optimisation est un processus global dans une société de consommation où l’objectif est de vendre toujours plus et toujours mieux. Néanmoins, il semble que le développement du « Big Data » a conduit à une précision toujours plus puissante quant aux goûts et aux attentes des utilisateurs de tous types de produits. Ainsi, comprendre le lien entre internet et l’optimisation peut permettre de mieux saisir cette caractéristique du monde moderne.

En effet, le développement d’internet a conduit au stockage d’une immense base de données. Elle provient de toutes les interactions effectuées en ligne. Voilà pourquoi depuis une vingtaine d’années un nouveau métier à vue le jour : « Data Analyst » (analyste data). Ceux-ci ont pour mission dans les entreprises de lier des données entre elles pour arriver à faire des bilans. Leur rôle est de modéliser les statistiques en tableaux de chiffres. Et ces modèles sont désormais réputés auprès des directions pour leur précision et leur apport stratégique.

Cependant, la précision d’un tableau et l’optimisation d’un produit ne veut pas dire que la vie de l’utilisateur est réellement améliorée. C’est l’un des problèmes fondamentaux de cette logique. Les critères de l’optimisation sont avant tout quantitatifs, analytique et économiques. Ils paraissent mettre de côté une dimension plus simple, plus humaine.

Nous ne sommes pas seulement attachés aux outils et aux objets pour leur efficacité mais aussi pour leur beauté par exemple. Conserver un vieux livre usé n’est pas optimal puisqu’il n’est pas certain qu’il survive à une prochaine lecture intensive. Mais nous pouvons aimer les souvenirs que nous avons de cet objet. Ce sont ces dimensions symboliques qui échappent à la logique du marché.

 

 

Cette dernière considération à propos d’une qualité immatérielle et inquantifiable, va de pair avec le mouvement de la personnalisation au sein de l’optimisation. Sans doute le prochain tournant analytique sera de prendre en compte ses désirs chez chaque personne et de parvenir à aller au-delà. On peut imaginer que des entreprises importantes chercheront à créer de plus en plus d’objets adaptés aux besoins de chaque individu dans une démarche de personnalisation extrême – comme, c’est déjà le cas du sur-mesure dans la couture. Ce nouvel enjeu suivrait la logique d’une société dans laquelle l’individu est considéré comme autonome et singulier. Optimiser deviendrait alors synonyme d’adapter.

 

 

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