Écoutez l’émission 2 de Tic Tac Tech, le podcast qui parle de technologie et de l’actualité. Dans ce nouvel épisode, Thomas Fauré (CEO de Whaller) a reçu Alain Loret, Professeur des Universités et fondateur de SWI ainsi que Emmanuel Gato, directeur du comité des Hauts-de-Seine de tennis. Ensemble, ils abordent les enjeux de transition numérique dans le monde des fédérations sportives.
Quels sont les enjeux des fédérations sportives face aux changements technologiques ? Pourquoi la notion de club est-elle importante ? Quelle différence y a-t-il entre transformation et transition numérique ? Et pourquoi faudrait-il davantage se préoccuper d’une approche « systémique » plutôt que « paramétrique » ?
Comment les fédérations sportives se sont-elles réinventées au fil du temps ?
En France, les fédérations sportives et les collectivités territoriales, qui ont des directions dédiées aux associations sportives, sont les deux acteurs clés du management et de la transition numérique des organisations sportives.
Si nous regardons les 150 dernières années, nous pouvons distinguer trois grandes périodes dans l’histoire du sport.
La première, qui court toujours, concerne le sport olympique avec les associations qui se sont constituées dans le cadre de la loi sur les associations de 1901.
La deuxième apparaît dans les années 1980. On voit naître des regroupements qui ne sont pas associatifs. Ce sont des organisations autonomes qui développent leurs projets sans passer par les fédérations. Elles concernent principalement les sports de glisse (planche à voile, surf), et elles existent toujours.
Enfin, la troisième période date de 2007, année du lancement de l’iPhone. Le numérique pénètre le sport avec le smartphone amenant à la dématérialisation des fédérations sportives et des clubs. Le symbole en est la floraison des réseaux sociaux sur lesquels s’expriment librement les amateurs et les professionnels. Le numérique permet aussi de prolonger la vie de club, se contacter, développer le sentiment d’appartenance et l’esprit de compétition.
Si nous parlons ici d’un sport individuel, le tennis, nous pouvons avoir à l’esprit d’autres sports individuels comme la course à pied, la randonnée ou le vélo qui font face à des problématiques similaires.
C’est fort de ce constat et du bouleversement provoqué par le numérique qu’Alain Loret a perçu la nécessité de créer un réseau social dédié aux fédérations sportives. Il a alors retenu la plateforme Whaller pour assurer la transition numérique.
Quel est le rôle des Institutions publiques ?
La France est un cas unique en Europe. Elle est en effet la seule à disposer d’une administration d’Etat, le ministère des Sports. « Patron » des sports en France, il pilote le sport au-dessus des fédérations sportives.
Remarquons que le ministère agit comme un administrateur plus que comme un régulateur. Or, pour qu’il devienne également régulateur, le numérique et les réseaux sociaux peuvent être un outil efficace. En revanche, le passage d’une administration physique à une administration dématérialisée est complexe et sera long.
Parallèlement, l’une des missions de la fédération est de faire connaître le tennis en tenant compte du fait qu’il y a d’un côté le tennis que l’on regarde – tournois de Roland-Garros, Wimbledon, etc. – et de l’autre celui que l’on pratique. Pour ce dernier, l’enjeu est la mise en relation entre les joueurs (dimension individuelle) et entre les clubs (dimension collective).
Comment s’est déroulée la transition numérique de C’Tennis ?
Pour répondre aux besoins des joueurs et des clubs, le comité des Hauts-de-Seine de tennis a donc choisi la plateforme collaborative Whaller et son concept de sphères. Chaque sphère est dédiée à un groupe de personnes (salariés, joueurs, dirigeants, etc.) qui dispose d’un espace sécurisé de partage, de discussion ou de collaboration, et ce, pour chaque club.
Whaller a développé l’application mobile « C’tennis » sur demande du comité pour continuer sa transition numérique. C’est le point d’entrée unique pour le membre d’un club à l’ensemble de ses services. Le membre peut chercher un partenaire, réserver un terrain, contacter un professeur ou s’informer de la vie du club.
L’application peut également servir pour les élus du département, les salariés du club, les dirigeants, en définitive toutes les personnes qui interagissent avec le club.
Quant à son déploiement, la plateforme et ses services n’ont pas été imposés aux clubs du département. Autonome, il a été laissé la liberté à chaque club de s’en saisir, ou pas.
Aujourd’hui, avec plus de 10 000 utilisateurs, on peut considérer que C’tennis est le premier réseau social sportif en France.
Quels ont été les enjeux ?
L’application C’tennis offre à son utilisateur, qu’il soit licencié, adhérent ou pratiquant, la possibilité d’avoir « tout » son sport dans son smartphone. Pour y parvenir, nous avons identifié deux problématiques différentes :
La première consiste à traiter une organisation sportive – un club, une fédération – sur la base de services qu’elle assure pour l’adhérent ou le licencié. Parmi ceux-ci, nous avons les fonctions administratives que nous avons appelées le management numérique paramétrique ; par exemple, la gestion et le paiement des licences sont des paramètres que nous numérisons.
La seconde concerne les paramètres appelés systémiques. Ce sont toutes les fonctions assurées par un club ou la fédération capables de supporter la transition numérique.
Que les services soient paramétriques ou systémiques, l’objectif est bien d’avoir un ensemble de services numériques cohérent. C’est là que les sphères de la plateforme Whaller nous permettent d’atteindre ce dernier.
Comment fédérer les membres ?
Parallèlement, derrière ces fonctions proposées aux utilisateurs, nous poursuivons de grands objectifs autour du partage, de la démocratie et de la facilitation de l’engagement.
Les clubs fonctionnent parce que des bénévoles s’engagent. La facilitation de leur engagement est au cœur de nos préoccupations.
Dans les Hauts-de-Seine, avec plus de 700 salariés, se greffe également la question du management de ces derniers et de sa qualité.
Actuellement, la moitié des clubs des Hauts-de-Seine utilisent C’tennis en plus du comité du département. L’objectif est de proposer l’application à la fédération nationale ainsi qu’à la région Île-de-France qui représente 25% des licenciés avec 240 000 personnes.
Quel a été l’impact de la crise du Covid-19 ?
Pendant le confinement, alors que les clubs étaient fermés, leurs membres ont ressenti le besoin de se parler, d’avoir des échanges. À ce titre, la pandémie a été un accélérateur de notre transition numérique et du déploiement de C’tennis.
Grâce à la plateforme, le club a continué de vivre, alors même qu’il était fermé ! Par exemple, avec la vidéo, des séances de coaching ont pu être organisées à distance.
C’tennis a donc été pendant le confinement le bon outil au bon moment.
Quel avenir pour la transition numérique dans le sport ?
Après le web 1 (statique), le web 2 (interactif, à l’image de ce que propose C’tennis), on commence à parler du web 3. On passera de la dématérialisation du sport – ce qu’a réussi à faire la fédération des Hauts-de-Seine – à son immatérialisation via le métavers dans un horizon d’une quinzaine d’années.
D’ici là, il va falloir que l’ensemble des fédérations sportives, et pas simplement quelques-unes, basculent dans la transition numérique systémique. Car il faut bien avoir à l’esprit que les marques comme Nike, Adidas ou Decathlon sont déjà dans le métavers. Elles vont donc créer les nouvelles conditions de pratique immatérialisées du sport.
De façon plus large, la plateforme collaborative Whaller pourrait être adoptée par l’ensemble des fédérations sportives françaises et prendre ainsi le chemin du web 3.
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