Un projet qui divise
En 2025, le projet de règlement européen ChatControl (ou CSAR) suscite débats et inquiétudes. Présenté comme une réponse à la lutte contre la pédocriminalité en ligne, il vise à imposer aux plateformes de messagerie et de collaboration des mécanismes de surveillance automatique des communications privées.
Protéger les plus vulnérables est une priorité indiscutable. Mais faut-il pour autant accepter une surveillance généralisée de tous les échanges numériques ?
Qu’est-ce que ChatControl ?
Le règlement ChatControl obligerait les fournisseurs de services numériques à :
- scanner automatiquement les messages, images et fichiers échangés,
- détecter les contenus considérés comme illicites,
- alerter les autorités compétentes en cas de suspicion.
Cela concernerait tous les canaux numériques :
- messageries instantanées (WhatsApp, Signal, Telegram…),
- emails,
- plateformes collaboratives,
- services cloud.
⚠️ Concrètement, il s’agit d’un filtrage systématique des communications privées.
En 2024, la CNIL a été notifiée de 5 629 violations de données (+20 % en un an).
L’actualité : où en est le projet en septembre 2025 ?
Le 12 septembre 2025, les États membres de l’UE doivent finaliser leurs positions. La présidence danoise pousse pour un vote dès le 14 octobre 2025.
- Plusieurs pays (comme l’Allemagne) ont évolué de l’opposition à une position plus indécise, créant une incertitude.
- La nouvelle version du texte réintroduit le client-side scanning : analyse des messages avant chiffrement, ce qui remet en cause l’intégrité du chiffrement de bout en bout.
- Plus de 500 cryptographes et chercheurs ont signé des lettres ouvertes pour dénoncer ce risque majeur pour la cybersécurité.
- Des voix s’élèvent pour alerter : ce règlement pourrait pousser les utilisateurs vers des solutions décentralisées si la confiance dans les outils traditionnels est rompue.
Décryptage – Client-side scanning
Un système qui analyse vos messages directement sur votre appareil, avant qu’ils ne soient chiffrés.
Problème : cela affaiblit la promesse du chiffrement de bout en bout et crée un nouveau point de vulnérabilité.
👉 Le débat est donc à un moment critique : soit l’Europe confirme sa volonté d’imposer ce scan généralisé, soit elle revient à une approche plus respectueuse des droits fondamentaux.
Quels sont les risques pour les citoyens ?
Le saviez-vous ?
En 2024, 19 % des cyberattaques dans l’UE visaient directement les données personnelles des citoyens et des administrations.
- Atteinte à la vie privée : Chaque message, photo ou document partagé pourrait être scanné, y compris dans vos échanges personnels, familiaux ou professionnels.
- Fausse sécurité : Les criminels organisés sauront contourner ces systèmes. Les citoyens ordinaires verront surtout leur intimité fragilisée.
- Risques de dérives politiques : Un tel outil pourrait être détourné demain pour surveiller des opposants, des journalistes, des lanceurs d’alerte.
- Cela créerait un précédent dangereux : la normalisation d’une surveillance généralisée.
Les chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Pour comprendre pourquoi ChatControl inquiète autant, il faut regarder la réalité des menaces et des usages en Europe :
- En 2024, la CNIL a été notifiée de 5 629 violations de données personnelles, soit une hausse de 20 % par rapport à 2023. Un signal clair : les incidents de cybersécurité se multiplient.
- La même année, la CNIL a enregistré 17 772 plaintes, un record en hausse de 8 % — preuve que les citoyens sont de plus en plus conscients des atteintes à leurs droits numériques.
- Selon le rapport ENISA Threat Landscape 2024, 11 079 incidents ont été recensés dans l’UE entre juin 2023 et juillet 2024, dont 322 incidents transnationaux. Les menaces les plus fréquentes : rançongiciels, attaques sur la disponibilité, vols de données.
- En un an, 10 000 cyberattaques ont été identifiées dans l’UE, et près de 19 % visaient directement les données personnelles des citoyens ou des administrations.
👉 Ces chiffres confirment une réalité : la cybersécurité est déjà un défi immense. Ajouter une surveillance généralisée des communications privées via ChatControl risquerait d’amplifier les risques (fuites, failles, exploitation abusive), plutôt que de les réduire.
Quels impacts pour les organisations ?
- Confidentialité fragilisée : échanges internes, données sensibles, contrats… tout peut être scanné.
- Risque juridique : incompatibilité avec le RGPD et les exigences européennes en matière de proportionnalité.
- Cybersécurité : introduire des scanners avant chiffrement revient à créer de nouvelles failles exploitables.
- Souveraineté numérique : ce type de contrainte profiterait aux géants américains, capables de s’adapter rapidement, au détriment des solutions européennes indépendantes.
ChatControl fragilise la confidentialité sans résoudre la cybercriminalité organisée.
Les arguments des opposants
Juristes, associations, chercheurs et acteurs du numérique souverain alertent sur :
- La disproportion : traiter tous les citoyens comme des suspects.
- L’inefficacité : les contenus criminels circuleront ailleurs.
- Le risque technique : failles créées par le client-side scanning.
- L’effet domino : après les enfants, qui demain ? Opinions, santé, religion…
Que faire en tant que citoyen ?
- S’informer et sensibiliser autour de soi.
- Vérifier ses paramètres de confidentialité.
- Choisir des solutions éthiques et souveraines (comme Whaller).
- Soutenir les initiatives qui interpellent les institutions européennes.
Et pour les organisations ?
Les dirigeants, DSI et RSSI doivent :
- Évaluer leur exposition : quels services seraient concernés ?
- Anticiper les impacts sur leurs flux, archives, obligations légales.
- Sensibiliser leurs équipes à l’importance de la confidentialité.
- Se tourner vers des alternatives souveraines comme Whaller, qui garantissent cloisonnement, sécurité et conformité.
La position de Whaller
Chez Whaller, nous croyons qu’il est possible de lutter contre la criminalité sans basculer dans la surveillance généralisée.
Nos engagements :
- Zéro exploitation des données utilisateurs.
- Architecture cloisonnée par sphères.
- Hébergement en France, avec option Whaller DONJON (SecNumCloud) pour les environnements critiques.
- Transparence totale : pas de portes dérobées.
En bref : un numérique éthique, souverain et sécurisé.
Vigilance et choix éclairés
Le projet ChatControl illustre un dilemme majeur : comment protéger les plus vulnérables sans basculer dans une société de surveillance ? La réponse ne réside pas dans le contrôle massif, mais dans la prévention, l’éducation et le choix de solutions respectueuses des libertés. Whaller continuera à défendre un modèle de collaboration numérique fluide, souverain et sécurisé, fidèle à sa mission : protéger les organisations et les citoyens, sans compromis sur la confiance.
FAQ : ChatControl en 10 questions
1. ChatControl, c’est quoi exactement ?
C’est un projet de règlement européen visant à imposer aux plateformes numériques de scanner automatiquement les communications privées (messages, images, documents) pour détecter des contenus liés à la pédocriminalité.
2. Qui serait concerné ?
Toutes les messageries, emails, plateformes collaboratives, services cloud utilisés en Europe : WhatsApp, Gmail, Teams, Slack, mais aussi des solutions plus spécialisées comme celles utilisées par des écoles, associations ou administrations.
3. Est-ce que cela veut dire que mes conversations privées seraient lues ?
Oui, potentiellement. Même si ce sont des algorithmes qui analysent les contenus, cela reste une atteinte directe à la confidentialité. Et personne ne peut garantir que ces analyses ne seront pas réutilisées à d’autres fins.
4. Quels sont les risques principaux ?
- Fuites massives de données sensibles
- Exploitation abusive par des États ou des acteurs privés
- Faux positifs, qui pourraient criminaliser à tort des citoyens ou des organisations
- Création d’un précédent dangereux pour d’autres formes de surveillance
5. Est-ce que ça va vraiment empêcher les criminels ?
Probablement pas. Les réseaux criminels savent déjà utiliser des outils chiffrés sur-mesure, hors du radar des plateformes classiques. Les premières victimes d’une telle mesure seraient donc… les utilisateurs ordinaires.
6. En quoi est-ce contraire au RGPD ?
Le RGPD impose que les données personnelles soient collectées et traitées uniquement pour des finalités précises, proportionnées et légitimes. Ici, le traitement massif et systématique des communications de toute la population serait disproportionné.
7. Pourquoi les experts en cybersécurité s’y opposent-ils ?
Parce que introduire des portes d’entrée pour scanner les données crée de nouvelles failles. C’est un principe de base en sécurité : plus il y a d’accès, plus il y a de vulnérabilités exploitables.
8. Quels sont les arguments des partisans de ChatControl ?
Ils mettent en avant la nécessité absolue de protéger les enfants et considèrent que les moyens actuels (coopération policière, enquêtes ciblées) sont insuffisants.
9. Quelles alternatives existent ?
- Renforcer les équipes spécialisées dans la cybercriminalité
- Améliorer la coopération transfrontalière
- Investir dans la prévention et l’éducation numérique
- Développer des outils ciblés, proportionnés, respectueux des droits fondamentaux
10. Que puis-je faire, moi, comme citoyen ou organisation ?
- M’informer et informer autour de moi
- Choisir des solutions numériques éthiques et souveraines
- Sensibiliser mes proches, mes collaborateurs, mes étudiants à la protection des données
- Soutenir les initiatives qui défendent une approche équilibrée de la cybersécurité en Europe
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